Il est 16h30, cela fait 24 jours que nous sommes arrivés à la Martinique, et nous quittons le ponton gasoil du Marin. Le voilier l’Actéon vient nous faire un rapide coucou. Nous les connaissons maintenant depuis Cascais (Portugal) mais malheureusement quand l’un arrive à un mouillage ou une marina, l’autre part et réciproquement. Nous n’arriverons jamais à prendre l’apéro!
17h00, nous prenons tranquillement le cap vers la pointe du diamant sous un magnifique couché de soleil. Nous avançons à 4 noeuds car le vent est faible. Les enfants sont ravis car d’après eux cette vitesse est excellente pour la pêche. Nos deux moulinets Penn sont en fonction… Pour cette navigation de nuit, nous simplifions le repas: raviolis bio. Et déjà le premier quart commence. Manu est à la barre. Le vent monte et nous naviguons au près. Nous avions oublié cette allure depuis l’entrée du port de Cherbourg! Quelques grains et rafales emmènent tranquillement Sea You à 8 noeuds.
Minuit déjà… Perrine prend le relais. Le vent est irrégulier. Il monte à 25 noeuds puis redescend à 5 noeuds.Toute la nuit est à ce rythme. Nous allumons le moteur, lançons toutes les voiles, réduisons la toile… Dure, dure la vie de marin 😉 😉 😉
Au petit matin, Robin fait son premier quart pendant que Perrine dort dans le cockpit. Il en profite pour lancer ses lignes 😉
Au réveil, nous constatons deux fuites sur les hublots avant, deux nouvelles 😦 Puis Perrine découvre la plage de bain arrachée, retenue lamentablement dans les filières tribords. Notre navigation est prévue jusque Portsmouth, au Nord de la Dominique… La mer n’est pas très belle. Nous réfléchissons à raccourcir notre route quand les deux grands pirates remontent du carré tout vaseux et Emile, au même moment, décroche la palme du vomito Sea You! Le Roseau, mouillage à 10 milles, nous tend les bras… Gaz, nous verrons bien. Encore un preuve quand voile, il ne faut rien programmer et se laisser pousser au gré du vent, des courants, des marées et de ses envies.
Lecture rapide du guide des Antilles de Jacques Patuelli. Nous appelons à la VHF afin d’obtenir un corps mort dans la baie. Mister Bean, surnom du Boyboat, arrive à vive allure sur sa barque. Après confirmation du tarif, nous acceptons la bouée. De tout façon, nous n’avions pas tellement le choix car les fonds passent de 50 à 0 mètres sur une courte distance, les bateaux au mouillage sont nombreux et la houle est importante.
Petit déjeuner en famille avec le visite des tortues. Perrine s’attaque au CNED avec Robin et Marius pendant que Manu fonce en annexe avec Emile faire la clearance d’entrée en Dominique. L’accueil en ville est chaleureux. Le bureau de la douane sent une odeur d’alcool type Ether… Manu comprend rapidement au bruit des bouteilles sous le bureau du douanier qu’il est l’heure pour eux de l’apéro, ou plutôt qu’il a déjà bien commencé! Un souci se pose… L’agent de service a un toc. Il fait des bruits bizarres agrémentés de mimiques… Emile attrape des fous rires déraisonnés!!! Manu est plus que mal à l’aise…
L’après midi est farniente et nous retrouvons un bateau copain de bateau copain 😉 Et oui,en bateau, c’est un peu comme à la mode Facebook: si on ne se connait pas directement, on a toujours des connaissances en commun… Véronique et Stephane, un couple Franco-Canadien, voyage sur Esploristo, un Sun Odyssey 42.1, avec leurs deux filles, Chloé et Léa et ont pour projet de faire le tour du monde en 5 ans. Après une bonne soirée sur leur bateau, nous partons nous coucher.
Il est 4h00 du matin, Perrine bondit du lit car elle entend des personnes crier. En sortant, elle découvre un voilier entrain de s’échouer sur la plage à quelques mètres de là. Elle réveille aussitôt Manu. Ni une, ni deux, nous descendons l’annexe pour aider un boyboat déjà sur place. En quelques minutes, Manu passe derrière le bateau, côté plage, pour aider le « cul » du bateau à retourner vers les profondeurs. Il n’y que 30 cm d’eau et le ressac est monstrueux. Il est contre la coque et en moins de temps qu’il ne faut le dire, l’équipère et son chien sont dans l’annexe. Quinn et Ruca sont en état de choc! Perrine les accueille à bord pendant que Manu part réveiller Stephane d’Esploristo.
Les galères s’enchainent… Manu sert de Taxi pour déposer des dominicains à leurs embarcations. Mais rien ne se passe comme prévu! Le premier a oublié les clés du bateau, Manu le dépose donc à la plage avec une barre de vagues monstrueuses. Puis il faut retourner le récupérer. L’annexe est à la limite du chavirage à chaque fois. En arrivant sur son bateau, avec les clés, il se rend compte que la batterie est hors service… Pendant que le deuxième dominicain tombe en panne d’essence… Un cumul de problèmes, certainement dû à l’abus de certaines substances illicites en France mais pas chez eux… Par cette perte de temps et ce manque d’organisation, le voilier Wanderlust est coincé sur les cailloux… Le ressac et les vagues claquent sur la coque… Le bruit est apocalyptique… Ben, le skipper, perd ses moyens et se reprend…
A 7h00 du matin, un bateau de pêche arrive et sort le bateau en une fois… Un bruit horrible! Tout le monde stresse… Wanderlust, va-t-il couler? Les garçons à bord constatent une voie d’eau au niveau de la quille… Les pompes suffisent à vider les cales… La seule solution pour Ben et Quinn est de faire route vers la Martinique car en Dominique il n’y a aucune possibilité de réparer le voilier.
Wanderlust est mal en point… Ces deux jeunes américains sont partis il y a un an et demi des Etats-Unis. Leur voyage s’est bien passé jusqu’à leur arrivée en Dominique où ils ont enchainé les gros pépins: des bactéries dans le gazole à Portsmouth, un démâtage entre Portsmouth et le Roseau et maintenant une voie d’eau!!! Comme nous a dit le CROSS, « vous nous envoyez un bon client! »
Pour nous remettre de notre fin de nuit mouvementée, nous prenons le petit déjeuner à bord de Sea You avec Esploristo. Après avoir sécurisé leur « pauvre » voilier, Quinn et Ben quittent le mouillage accompagnés du bateau Kairos. En annexe, Manu les suit brièvement le temps pour eux de vérifier safran et hélice…
Il est temps de reprendre le cour d’une journée normale: CNED, repas, sieste d’Emile, jeu de cartes… A 15h30, nous allons à terre afin de préparer notre excursion de demain avec notre guide. Pour nous rassurer, nous lui demandons si l’incident, ou plutôt l’accident de cette nuit était déjà arrivé… « Jamais! », nous répond-t-il.
Nous partons donc plus ou moins sereins en annexe découvrir le centre de Roseau et faire quelques courses… Et voilà qu’un rasta nous rattrape… « Hey, Hey, your boat, your boat!!!! ». Et merde, leur bouée de brin a lâché! Manu saute sur leur speedboat pour rejoindre au plus vite Sea You. Pendant que Perrine rentre la boule au ventre avec les 3 pirates. Les tristes images de l’accident de ce matin défilent le temps de retrouver Sea You à 3 mètres du ponton annexe accroché au dernier corps mort avant la plage… Mister Bean et son collègue ont réussi in-extremis à rattraper notre voilier!
Manu est furieux et nous décidons de décoller avec Esploristo sans payer pour Portsmouth à 15 milles de là. Cette navigation se finit de nuit, chose à éviter aux Antilles à cause des casiers et du soleil rasant…
Nous arrivons dans la baie Prince Rupert. La lune nous aide à trouver une place, à éviter les barges et les épaves de cargos (témoignages désolant du passage de cyclones successifs) et à s’ancrer tranquillement.
Le lendemain matin, samedi, jour de marché, nous partons tout d’abord chercher des Dollars Carribeans. Au marché, nous goûtons les bananes salées au barbecue et savourons les pamplemousses juteux de la Dominique. Dans les épiceries, nous comprenons que l’île est une ancienne colonie anglaise: beans, Heinz, Guinness remplissent les rayons. Après le plein de fruits et légumes, nous flânons dans les ruelles de Portsmouth.
Dans la baie de Prince Rupert, les guides officiels dominicains ont compris l’intérêt de la plaisance et ont monté l’association P.A.Y.S (Portmouth Association Yatchs Services). Ils sont tous courtois et proposent différents services dûment tarifés, notamment la visite d’Indian River. C’est Dédé, notre guide rasta, qui nous emmène découvrir cette endroit encore sauvegardé. A travers cette balade en barque, nous verrons des crabes de terre blanc et des crabes zombies. Le clou de cette visite pour les garçons, la cabane de Calypso, la déesse de la mer dans Les Pirates des Caraïbes 2. Emile et Marius n’oublient pas de marquer leur territoire 😉
Pendant la sieste d’Emile, Perrine part pour une ballade à pied vers le Fort Shirley avec Robin et Marius, accompagnés d’Esploristo. Ce bâtiment est réhabilité et de ses hauteurs, nous découvrons l’ensemble de la baie. Lors de cette promenade, nous sommes surpris de trouver des Bernards Lermites dans la forêt et non pas au bord de la plage.
Au retour, des boys boat de P.A.Y.S nous proposent de participer à un barbecue sur la plage organisé par l’association afin de subvenir aux frais liés à la surveillance des bateaux. Nous avons passé une excellente soirée. Nous étions les seuls français et nous en avons donc profité pour sympathiser avec Dédé, Edison, Sparrow, Talliya… Les locaux nous ont appris énormément sur leur vie diurne et nocturne 😉 Pendant ce temps là, les garçons jouent avec les enfants d’Edison, responsable de l’association, sur la plage et se promettent de se revoir.
Tôt le lendemain matin, nous quittons cette ambiance rasta et détendue pour retrouver le soir même notre bande de copains d’enfance à Deshaies en Guadeloupe! Malheureusement, lors de nos 5 jours en Dominique, nous n’avons pas eu le temps de découvrir l’intérieur de l’île qui recèle d’autres magnifiques endroits (cascades, grottes, sources sufureuses, bains de boue…). Nous essaierons donc d’y revenir lors de notre retour en Martinique.
Quelle aventure les amis et quelle plume pour le raconter…
Merci de tous ces messages intéressants et bien écrits
Une fidèle lectrice
Michelle Dupic
Lys des Mers
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C’est super
C’est comme si on y était
😉
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Bravo Robin pour ton premier quart.
Je suis fière de toi.
Gros gros bisous de Lilou.
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Il est pas bien mon petit fils 👍😉
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