Alerte cyclonique à Cariacou

Arrivés au mouillage de Tyrell Bay, après une navigation d’une dizaine de milles au départ de Petit Saint Vincent, nous voici à Cariacou. Cette île de collines ondulantes et de plages semble tranquille.

n2YWTegbSiuuja%dJbDW2A_thumb_9bcNous retrouvons Zeemo pour apprendre aux enfants le tarot (à notre retour les grands parents et arrières grands parents n’auront qu’à bien se tenir 😉 )

Ca y est, aujourd’hui, sonne le 14 juillet! Jour de la fête Nationale, de l’anniversaire d’Oscar (le filleul de Manu) mais aussi jour de notre départ de Dunkerque, il y a tout juste un an! Que de milles parcourus, de rencontres toutes aussi différentes les unes que les autres, de découvertes et de magies!

 

uMCnNUb9QR+YC7HKtO3ALg_thumb_986Pour fêter ça, rien de tel que des frites fraîches maisons! Cuisinées dans un bateau surchauffé à 40° 😦 Ce sera notre première et dernière expérience 😉 Nous finissons notre anniversaire chez Zeemo, nos Bretons préférés, avec des crêpes bretonnes, du champagne et des parties de tarot…

Nous retrouvons également au mouillage Drunna ainsi que Soca et rencontrons un nouveau bateau copain, « La Mère Veilleuse », des québécois (Max, Karine, Noah, Alexia et Muska (leur husky) aussi fous que nos amis Esploristo 😉

Puis nous organisons une soirée avec de vieux loups de mer (Druuna et Zeemo) à bord de Sea You: un « tourdumondiste », une libraire nautique, un technicien maritime hors pair, des marins chevronnés, des pêcheurs d’exception… avec une moyenne d’âge honteuse 😉 Mais un moment comme celui-là, c’est une école de la vie, une mine d’or technique, des réflexions philosophiques sur ce qu’est la Vie!!!! Avec de vrais galères et de véritables euphories, la vie en bateau est une courbe sinusoïdale beaucoup plus violente qu’à terre… Espace restreint, aléas météorologiques, soucis techniques… D’ailleurs, chère Nadine (alias « mamie bateau ») nous attendons toujours ta liste de bouquins marins à dévorer 😉

Les snorkelings « classiques » ou sur épave se succèdent… Sauf pour Robin car malheureusement il est toujours en « stand-by » niveau apnée à cause d’une otite persistante… Par contre, il a la chance d’apprendre la pêche à la voile avec Guy de Druuna.

NWmeaDl1R6SEAtbF%drpjQ_thumb_988Robin devient un véritable cuistot et nous concocte un dîner de A à Z sans aucune intervention de notre part! Au menu, ce soir:

  • Entrée: toastinette mozzarella, jambon fumé parfumée à la muscade servie avec un filet d’huile d’olive,
  • Plat: dôme de coquillettes accompagnée de sa sauce tomate champignon dont il a le secret
  • Dessert: Banane au nutella

A la fin de ce délicieux repas, Robin nous avouera que l’état de la cuisine est un vrai massacre et qu’il aimerait bien avoir un peu d’aide de notre part 😉

Nous partons également tous ensemble en bus pour une découverte du chef-lieu de l’île: Hillborough. Cette petite bourgade nichée en bordure de la côte Ouest n’est pas très animée mais nous y découvrons quelques rues bordées de cases et de vielles bâtisses.

IMG_0091Nous sommes tous sereins et paisibles jusqu’à ce que l’onde tropicale devant arriver demain soir soit classée en tempête et porte le jolie nom de Don… C’est la surprise générale! Nous allons subir de forte rafales (vents de 34 à 63 knts) d’ici 24h 😦 Cette tempête est compacte et peut donc avoir des variations d’intensité assez franches dans des délais très courts, aussi bien à la hausse qu’à la baisse…

Dans la nuit, Perrine n’est pas rassurée et reprend la météo… Les météorologues confirment un passage au sud de l’Arc Antillais, aux environs de Grenade et Cariacou dans la nuit de mardi à mercredi… En ce qui concerne l’intensité, c’est un peu moins clair. Certains modèles voient un maintien ou un affaiblissement de la tempête alors que d’autres modèles prévoient un renforcement en ouragan de Catégorie 1 (vents entre 64 et 82 knts) !!!

A 6h00 du matin, plusieurs bateaux vont vers le « Carenage », un abri anti-cyclone enserré dans la mangrove dans le nord de notre mouillage. Les bateaux moteurs, les voiliers, les pêcheurs arrivent de partout! De Saint Vincent au Nord et de Grenade au Sud… Tout le monde s’affole! Nous apprendrons plus tard que les pêcheurs venant se réfugier dans la mangrove ne craignaient pas tant l’intensité des vents mais plutôt la bascule des vents d’Est puis de Sud et enfin d’Ouest. Ce qui rendrait le mouillage intenable et dangereux!

Sea You devient le QG des bateaux français car nous disposons de la météo à bord. Le mouillage se vide… Que faisons-nous? Dans un premier temps, nous déplaçons Sea You dans le mouillage afin de mettre 80 mètres de chaîne et préparons notre deuxième ancre.

Le doute s’installe à bord… Stéphane de Soca et Manu foncent en annexe vers la mangrove pour appréhender notre arrivée susceptible et découvrent nos bateaux copains…

Pendant ce temps, Jean-Pierre (Zeemo) contacte Perrine à la VHF:

« – Qu’est ce que vous faites les enfants? Relevez l’ancre et venez… Nous vous aiderons à amarrer! »

Pourquoi avons-nous tarder à nous diriger vers ce beau trou à cyclone? Pour plusieurs raisons…

  • La première, nous pensions être prévenus de la décision des autres bateaux copains, des vieux loups de mer… Mais le stress et la gestion de leurs bateaux ne facilitent pas la communication…
  • La deuxième était la peur de nous engouffrer dans cet abri. Allions-nous faire plus de dégâts au bateau qu’en essuyant une tempête à l’ancre?
  • La dernière, la peur de l’inconnu!

Allez, nous nous lançons! Nous verrons bien… Avec Soca, en 3 minutes, les moteurs sont démarrés et les ancres relevées! Nous entrons dans la passe large de 5 mètres et de 3 mètres de fond. Nous zigzaguons entre les bateaux de pêche qui tracent à vive allure! Notre arrivée est assez technique et rocambolesque!

« La Mère Veilleuse » à deux places à babord. Nous nous y faufilons au ralenti… Le sondeur annonce 2 mètres puis 1 mètre 30… Ca y est, le nez de Sea You est dans les palétuviers et nous sommes posés. Jean-Pierre nous donne un coup de main puis Soca s’amarre à côté de nous…

Ce trou à cyclone était, il y a quelques jours, vide et paisible…

Et aujourd’hui, nous sommes plus de cent bateaux dans la mangrove!

Nous devons maintenant désarmer le bateau: bimini, capote, voiles, barbecue, planche à voile, paddle, perche IOR… Plus rien de doit rester sur le pont pour limiter le fardage! L’air est étouffant… Il fait chaud… Les moustiques nous piquent… Quelques grains nous rafraîchissent….

Il est 14h00, nous reprenons la météo car un avion de reconnaissance, dénommé Hunter, a sillonné en fin de matinée l’ouragan Don. Cette éclaireur semble trouver une perturbation affaiblie par rapport à cette nuit…. Ouf! Nous ne nous plaignions pas de cette bonne nouvelle. Nous comprendrons plus tard que Don était une tempête « compacte » et qu’elle pouvait avoir des variations d’intensité assez franches dans des délais très courts, aussi bien à la hausse qu’à la baisse…

Tous les bateaux se détendent…. L’ambiance est style « les flots bleus » dans le film Camping 😉 Les enfants sont ravis et passent de bateau en bateau: de vrais Mowgli dans les palétuviers ou des trapézistes en herbes à bord de la Mère Veilleuse. Sans oublier la métamorphose de Robin et Marius en fille par leurs amies.

A 19h00, petit apéro avec les amis. Ensuite l’anémomètre accélère une première fois, 25 noeuds, puis une seconde, 27 noeuds… Nous comprenons que Don arrive… Tout le monde rentre chez soi. Nous cuisinons les manchons de canard offerts par Béné et Marco (Petit clin d’oeil à Pégase Rider).

Nous subissons des rafales à 35 noeuds… Au mouillage, elles ont été un peu plus violentes mais rien de méchant…

mWWnmarWQRmJLhKAzfB%Ew_thumb_a0aLe lendemain matin, les pêcheurs repartent, les voiliers essayent de se décoller de la vase…

De cette expérience, nous avons encore énormément appris! Disons que c’était une répétition générale au cas où un véritable ouragan nous tombe dessus… Quelques calages s’aviseraient si c’était le cas 😉 Entre autres, notre timing de prise de décision, notre angle d’amarrage aux palétuviers trop étroit, nos amarres trop tendues (problématique en cas de raz-de-marée), la mise en place de deux ancres arrières (voir trois) et surement encore pleins de petits détails… Croisons les doigts pour que nous n’ayons pas à croiser un nouveau cyclone ces prochains mois…

La vie à bord reprend son cour… Robin et Marius improvisent une séance maquillage et continuent à s’amuser avec les balançoires géantes de La Mère Veilleuse.

Hop hop hop! Adrien, le cousin de Perrine, nous attend à Grenade pour passer une dizaine de jours à bord de Sea You…. Nous quittons le mouillage de Tyrell Bay tôt le matin afin d’arriver à Saint Georges en milieu d’après-midi.

Durant cette navigation, nous devons contourner le volcan sous marin Kick’em Jenny car, depuis le 1er mai, il est en éruption! C’est la treizième fois qu’il est en activité depuis 1936… L’alerte jaune a donc été prononcée par les autorités. Et, une zone d’exclusion de 5 kilomètres autour de ce dernier a été mise en place car l’émission des gaz volcaniques représente un danger pour le trafic maritime. Il semblerait que la densité de l’eau de la mer soit réduite et que cela engendrerait une perte de flottabilité des bateaux… Nous n’avons pas souhaiter tester cette hypothèse 😉

Nous arrivons vers 15h00 à Grenade surnommée « l’île aux épices »…

 

5 réflexions sur “Alerte cyclonique à Cariacou

  1. Felicitations Robin pour tes talents culinaires .
    Je vais renvoyer papi pour un stage ,bien qu’il est fait de grands progrès grâce à ta formation lors de la transat !
    Gros bisous nos 5 navigateurs

    Aimé par 1 personne

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