Certains diront que Cayo Largo n’est pas Cuba… Ils n’ont pas tout à fait tord… Ce petit coin de paradis est préservé de la réalité cubaine. Les cubains sur place sont triés sur le volet et profitent des avantages liés au tourisme… Nous sommes tombés sous le charme de l’archipel de los Canarreos… Les paysages se rapprochent de ceux des Roques. C’est peu dire 😉
Après avoir dit au revoir aux parents de Perrine, notre petit Emile boude… Il a de plus en plus de mal avec les séparations. Il mélange les notions de temps ainsi que les notions de distance… Dès que nous quittons un lieu, il n’est pas rare de l’entendre dire: « Mais moi, je veux pas changer d’île, elle est belle celle-ci », « Quand est-ce qu’on voit la terre? »… Notre vie de nomade le perturbe de plus en plus et notre retour en France lui apportera une stabilité dont il semble avoir besoin du haut de ses 4 ans.
Nous avons enfin compris la cause de nos problèmes moteur (crépine bouchée, gelée marron dans notre premier préfiltre à carburant) depuis notre départ de Providencia… Nous avons de vilaines bactéries dans notre réservoir moteur 😦 Ravis d’avoir trouvé le problème de nos dernières galères mais nous sommes maintenant soucieux de trouver le remède. Après un tour de pontons de la Marina de Cayo Largo, nous constatons que tous les tourdumondistes ont déjà eu affaire à ces bactéries. D’après eux, il est difficile de dire quand, où, comment cela a commencé. Ce qui est certain c’est que la présence d’eau dans le gazole a favorisé le développement de cette bactérie. Ces cochonneries vivent dans l’eau et se nourrissent du carbone du gazole. L’humidité des tropiques est redoutable! Chaque marin nous donne sa recette miracle: traitement du fuel avec un produit antibactérien type « Star Tron » de chez Starbrite, nettoyage du réservoir et du circuit, filtrage de l’ensemble du carburant, pose d’un réservoir additionnel en attendant notre retour en Europe…
Au même moment, nous faisons connaissance de Michel et Pascal (père et fils) du voilier Obione, un Trismus 36. Après une ballade sur l’île, ils nous obtiennent un contact. Trois mécanos sont d’accord pour vider notre réservoir et le nettoyer 😉 Seul hic… Aucun cubain ne peut monter à bord d’une embarcation… Pour passer outre cette interdiction, nous devons obtenir l’autorisation du responsable de la marina et des douanes. Piéré, le grand chef du port, nous donne son accord puis revient sur sa décision … Finalement quelques heures plus tard, il acceptera notre démarche 🙂
Le lendemain, un dimanche à 8 heures, nous accostons sur le quai technique et faisons connaissance de Vladimir, Antonio et Fabio. Les enfants jouent avec le chien de l’atelier. Pendant ce temps là, la crépine et l’arrivée de gasoil sont démontés et après le bidouillage d’une pompe à eau 24 volts en une pompe à gasoil 12 volts, les trois mécanos nous vident le réservoir. Vladimir, ingénieur de formation, nous explique qu’ici ils n’ont rien mais que tout est possible. Ils sont bien obligés de se débrouiller avec le peu qu’ils ont… Après avoir évacué nos 400 litres de carburant, vient ensuite le nettoyage de notre réservoir puis le remplissage de ce dernier avec un gasoil sain. Nous n’avons pas pris le risque de filtrer notre ancien carburant…
Vers midi trente, tout est en ordre 🙂 Fabio arrive avec un énorme plat rempli de pâte bolognaise… Nous déjeunons tous ensemble dans le cockpit. « Les grands voyages ne se font pas seulement sous les tropiques mais dans la profondeur des êtres qu’il nous est donné de rencontrer ». Cette citation de Joseph Kessel résume amplement ce moment de partage.
Durant le café, Vladimir, gêné, essaie de nous demander un service… Son épouse a une infection mais, à Cayo Largo, il est très compliqué de se faire livrer les médicaments nécessaires à sa guérison. Notre pharmacie de bord est très complète (lien: https://seayou.org/2016/02/04/pharmacie-de-bord/), nous pouvons surement la dépanner. Par contre nous ne sommes pas docteur… Nous leur confions donc notre liste de médicaments afin que Vladimir et sa conjointe demandent au médecin de l’île le traitement adéquat. Jackpot! Nous avons son bonheur et lui délivrons des boîtes d’Augmentin ainsi qu’un tube de Diprosone.
Puis arrive la question du coût de la réparation. Les trois copains de boulot se regardent hagards et n’oseront nous demander que 90 CUC, soit 90 €. Modique somme pour 14 heures de mains d’oeuvre, la livraison du nouveau gasoil et l’évacuation de l’ancien…
Les deux jours suivants, nous restons à la marina afin de nettoyer les fonds de cales et de reprendre timidement l’école. La reprise est difficile et lente après deux semaines de vacances avec Lilou et Papi 😉 Cette escale est aussi pour nous synonyme de fous rires… Car nos voisins de ponton locataires font de belles bourdes (sans être péjoratifs avec nos amis locataires de voilier)… Le pompon reste ce catamaran quittant sa place avec une aussière à l’eau, juste à 30 centimètres de son hélice… Manu part rapidement en annexe pour les avertir mais se fait remettre en place par l’équipage… Puis nous hallucinons… Ils ont perdu un équipier lors de leur manoeuvre. Le pauvre essaie tant bien que mal de rattraper à la nage le bateau!
Après concertation, nous décidons de changer notre programme. Nous remonterons Cuba par l’Ouest plutôt que par l’Est. Obione nous accompagne 🙂 Nous naviguons de Cayo en Cayo, seuls au monde et goûtons les langoustes à toutes les sauces (salade, barbec, cake, frites…)
Lors de notre première halte à Cayo Rosario, les hommes partent récupérer du bois sur la plage puis Manu nous cuisine de bonnes langoustes au barbecue 🙂 🙂 🙂 Petite baignade pour tout le monde en attendant que la braise soit rouge… Grosse erreur de débutant! Des cendres tombent sur le polyester et le teck… Rien de grave mais nous retenons la leçon!
Seconde étape, Cayo Aguardiente où nous péchons avec Obione sept belles langoustes pour le dîner. L’imagination culinaire des Sea You se met en route avec une nouvelle recette au curcuma, gingembre, ail et beurre…
Nous descendons ensuite sur Cayo Mathias puis sur Cabo Frances. Où nous prenons la décision avec Obione d’accélérer notre vitesse de croisière. En effet, une belle fenêtre météo avec un vent plein Sud (chose rare) se dessinent pour remonter vers La Havane. Nous décidons donc de lever l’ancre pour le Cap Saint Antonio et naviguer de nuit jusque Cayo de La Lena.
La houle au mouillage est désagréable. Obione dérape et nous quitte pour un endroit 30 miles au Nord. En fin d’après-midi, une frêle barque, reflétant une certaine misère, arrive derrière la jupe. Les pécheurs nous proposent des langoustes en échange d’un peu de rhum. Nous leur proposons également un sac de couchage, des casquettes et des jeux pour enfants. Ils repartent ravis. Après cette échange, nous sommes choqués de cette précarité de l’être humain et de ses conditions de vie clandestine 😦
Le lendemain matin, nous mettons le cap vers la Marina Hemingway, proche de la Havane. Après un contrôle des autorités (moins souriantes que d’habitude), Manu essaie de détendre l’ambiance en offrant un stylo Bic made in France 😉 Mais il fait un gros bide… La demoiselle scotche notre iridium puis nous nous amarrons à la marina.
Une belle fenêtre météo pour les Bahamas s’annonce trois jours après notre arrivée. Nous ne trainons pas: lessive, pleins de courses, préparation du bateau…
Ici, le débit internet est toujours presque nul, les fruits, les légumes et les oeufs sont introuvables. Le seul approvisionnement correct reste le Rhum Havana Club à 3$ la bouteille de 70cl! Pour faire le plein, il est conseillé de se rendre à La Havane.
Pour notre dernière soirée avec nos amis d’Obione, nous nous rendons au bowling proche de la marina. La piste est de biais… Viva Cuba!
Nous larguons les amarres le jour suivant à 14h. Les formalités de sortie sont compliquées car ils ont confondus les dates de naissance des enfants à notre arrivée et ont pris la photo de Robin en scannant le passeport de Marius… Nous passerons plus d’une heure dans leurs bureaux à essayer de trouver une solution.
Les garçons jouent pendant ce temps là sur la pelouse devant le quai. Badaboum! Emile tombe dans une fosse profonde d’un mètre… Un carton la cachait! Pleurs, cris, examen de la plaie sur le crâne. Le médecin des douanes est présent. Nous lui ramenons donc la pharmacie de bord pour soigner notre Mimile. 30 minutes plus tard, à 3 adultes pour le maintenir, notre pirate ressort avec un point de suture…
Entre temps, nous embrassons Michel et Maël qui partent pour Key West aux Etats-Unis.
En sortant, les douaniers ne nous regardent plus dans les yeux… Nos formalités sont faites et ils nous demandent de partir! Nous refusons au vu de la chute d’Emile et demandons de rester au quai des autorités au moins jusqu’au lendemain matin. Il est hors de question d’appeler le Centre Médical de Toulouse cette nuit en pleine mer pour une traumatisme crânien! Manu fait valoir son « titre » de capitaine, hisse le drapeau jaune et leur informe que nous sommes en transit au moins pour 12 heures.
Ils sont embêtés car ce cas figure n’est pas dans leurs process… Finalement, les douaniers abandonnent et nous demandent de ne plus mettre un pied à terre. Nous devons approcher Sea You face à leur bureau afin qu’un garde nous surveille toute la nuit.
A 6 heures du matin, nous quittons Cuba pour Bimini aux Bahamas, avec un Mimile en pleine forme 🙂
Toujours aussi heureuse de vous lire! C’est un plaisir de vous suivre! Bonne continuation et bonne traversée qui approche.Gros bisous de nous 2 A bientôt de l’autre côté.
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Te fait pas de bile Emile
Le 14 juillet approche 😘
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